Sourire du mélomane lorsqu’il sélectionne sa première note. Elle file, se faufile, coule délicieusement et s’immisce entre les lèvres du chanteur. Poésie fugace, lyrisme passionnel, chorale des cœurs, subtilité du riddim. Dimitri Paul se confie à la musique, se repose sur elle et l’étreint généreusement. Douce romance, il s’épanche sur son berceau et lui demande encore et encore de se rendre complice d’une passion dont il est éperdument épris. Nous avons voulu entrouvrir le chapitre de ce refrain aux nombreux lendemains. De cette histoire née depuis l’enfance, conquise durant les années estudiantines à Bordeaux, continuellement reprise depuis son retour en Guadeloupe.
Avec le beat box, le musicien autodidacte improvise magistralement un orchestre, démultiplie sa voix, donne l’écho à son propre tempo. Il rythme, déjoue les mesures, enraye la mélodie et s’amuse. C’est la sensibilité grandiose de l’artiste qui invite à l’évasion, au suspense, à l’envie d’écouter, au plaisir de le réentendre. En s’effaçant derrière la composition musicale, Dimitri Paul est au service de l’art qu’il crée. De l’appareil insolite avec lequel il joue. C’est ce style unique qui lui assure une carrière remarquée. Ce sont aussi de nombreuses rencontres qu’il apprécie nous rappeler. Il salue le génie artistique de Williams Café rencontré en 2008 qui porte sa voix au-dessus des nombreux dérivés de la sienne. Les échanges et les moments avec sa beatbox Family dont les échos musicaux résonnent encore Rue Ste Catherine jusqu’à se refléter sur le miroir d’eau, place de la Bourse. Et du soutien du chanteur Riddla et du gérant David Drumeaux, sans qui la scène ne serait pas devenue son terrain de jeu favori. L’Human Beat Box s’enthousiasme également de l’aide bienvenue de l’association Kolimel, Grenn Diri et de la société Prestacle. Enfin, il souligne ses collaborations récentes avec Amélie « Kyla » Tintin et Louisy Joseph à travers lesquelles il a tant appris. Music Explorer, émission produite par France Télévision diffusée en 2016 a été une fructueuse expérience qui lui a ouvert les portes du secteur de l’industrie musicale.
Un monde inédit où son style attrait, où son talent s’émancipe. Ce personnage entier, indépendant, pour qui la musique n’est pas un vain mot, est devenu l’artiste pensionnaire de sa muse. Il prend aujourd’hui le temps de l’apprécier, de l’apprivoiser pour étendre davantage sa sensibilité à l’univers généreux, versatile et volatile de l’art musical. Coup de projecteur sur un parcours qui n’a pas fini de nous étonner.