Un ancêtre pas comme les autres

Texte de Mathieu Rached – Photos Jean-Albert Coopmann

 

Retrouver ses ancêtres. Au seul mot « généalogie », Google répond par 25 400 000 pages référencées. Cette science qui a pour objets « la recherche de l’origine et l’étude de la composition des familles » (Larousse) revêt un sens particulier selon l’endroit de la planète où elle est invoquée. Question d’histoire et d’héritage, et à ce titre les Antilles Guyane sont des territoires à forte charge historique et symbolique. Dans un passé encore relativement récent, il y a 5 ou 6 générations à peine, les hommes ne naissaient pas libres et égaux en droits. A partir de 1848, tous devinrent citoyens et les anciens esclaves furent systématiquement enregistrés à l’état civil. Nom, prénom et lieu de naissance pour 65 000 personnes jusqu’alors hors registres.

Ce « parent zéro », le premier à avoir porté patronyme de sa famille est depuis longtemps une figure à part pour les passionnés de généalogie, d’histoire et de mémoire. Aujourd’hui, fruit d’une politique forte en faveur de la numérisation des documents d’archives initiée en 2000, les Archives de Martinique offrent une base de données, ouverte à tous, qui facilite cette quête et cette interrogation. Un accès « à plus d’une centaine de registres qui comprennent les actes d’individualités établis pour les nouveaux-libres à partir du mois d’octobre 1848, décrit Dominique Taffin, la directrice, jusqu’au dernier acte enregistré, en 1874 ».

Le site de la Banque numérique des patrimoines martiniquais, combiné avec celui des Archives nationales d’outre-mer, permet donc de consulter et feuilleter depuis

chez soi à l’aide d’un ordinateur connecté à internet l’ensemble des actes d’état civil de Martinique qui ont de plus de 100 ans. Les recherches sur rendez-vous, à des horaires précis, confinées en salle de lecture ont certes disparu mais, en matière de généalogie, la patience reste de mise. N’en déplaise aux habitués des moteurs de recherche ultra-rapide, taper un nom de famille et de commune ne donne pas en un éclair l’identité du premier membre de votre famille enregistré par les services de l’état en Martinique. L’exercice demande une certaine abnégation, il vous faudra établir avec certitude les liens de filiation, et remonter dans le temps à partir de votre parent le plus ancien dont vous connaissez à ce jour l’identité. D’actes de mariage en actes de naissance ou de décès, on peut à chaque étape identifier la génération précédente jusque à ces actes historiques de création d’une identité officielle. Une démarche intime pour certains, inutile pour d’autres, dans tous les cas, une matière précieuse, un point de jonction entre l’histoire du territoire et l’histoire personnelle. Loin de se concevoir comme un devoir, de mémoire ou autre, c’est une ressource ouverte à tous et une étape bouleversante.

Plus d’infos sur le site de la BNPM, la Banque Numérique des Patrimoines Martiniquais, portail d’accès aux ressources sur le patrimoine culturel et historique de la Martinique.

www.patrimoines-martinique.org
http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr

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DOCUMENTS DE L’HISTOIRE FAMILIALE

En Martinique, trois types d’actes constituent les premières traces écrites de l’histoire familiale de la majorité de la population
– les actes de catholicité des populations blanche, libre de couleur et esclave (nais- sances et baptêmes, communions et confir- mations, mariages, décès), tenus de 1674 à 1968.
– les actes de déclaration de naissances, mariages et décès d’esclaves, tenus à partir de 1832.
– les actes d’individualité, dits aussi de nouveau-libres, attribuant un patronyme aux esclaves libérés en 1848.

(source BNPM)

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