Atadja Lewa est artiste plasticien. Il fait de son corps la question centrale de son travail.
Vous vous définissez comme artiste plasticien avec une pratique axée autour de la performance…
Ce qui est important pour moi, en tant qu’artiste, c’est plutôt le propos que je développe. Une fois le propos choisi, je cherche comment le traduire, par quelle matérialité. Avec la performance, je tente d’établir un lien direct avec le public parce que mon corps devient l’œuvre d’art. Je peux donner des clés à la performance que je réalise ou laisser le spectateur à sa propre réflexion.

Le corps, votre corps, est central dans votre travail…
Mon corps est au centre et au service de mon art, c’est une œuvre politique, une œuvre engagée. Je réfléchis au statut du corps dans la société. Je questionne le corps comme outil parce que précisément le corps est un espace, le corps est poétique, le corps est un lieu, le corps est un paysage. Le corps nous positionne au monde, il nous pose face à l’Autre. Mon corps, comme langage, est récurrent dans mes propositions et c’est l’identité même du principe de la performance. A travers la pratique de la performance, j’interroge le monde sur ses aspects politique, social et esthétique.
Qu’est-ce être un artiste caribéen ?
Un artiste caribéen, c’est peut-être un artiste qui crée à partir de son héritage culturel. Dans mon travail de performance et plus encore depuis que je suis revenu en Guadeloupe, je convoque la force des imaginaires afro-caribéens. Aujourd’hui, mon travail est à la croisée de la nature, du rituel et de la technologie. Être artiste caribéen, c’est m’inspirer de tout cet héritage et en même temps être dans la contemporanéité. Je construis mon travail autour de tous ces éléments et avec tous ces éléments.

Parlez-nous d’Exit, votre dernière création…
Dans le cadre du Tout-Monde Festival à Miami, j’ai présenté « Exit » une vidéo qui s’inscrivait dans l’exposition Rituels numériques. « Exit » aborde les intersections entre les technologies numériques et les rituels en considérant mon patrimoine culturel. C’est une vidéo qui a été tournée à Beauport Pays de la Canne, elle présente une vision un peu dystopique de la technologie. En explorant l’esthétique numérique je mets l’accent sur les références informatiques, et ma présence dans la vidéo fait prendre conscience au spectateur de notre voyage en tant qu’être humain.