
D’abord, une histoire d’amour
Damien rencontre son premier grand amour à l’âge de 7 ans. Un soir, sa mère rentre, une VHS à la main. Le chef d’œuvre : Terminator du réalisateur James Cameron. « Le cinéma me donne une raison de me lever depuis mes 7 ans. Terminator est le premier film qui m’ait marqué. J’ai tout de suite su…».

L’amour sans sacrifice ?!
En 2009, le bac en poche, Damien s’oriente naturellement vers une licence de cinéma. Un cursus qu’il devra suivre loin de chez lui. «Faire du cinéma signifiait quitter la Guadeloupe». Rapidement, il se rend compte qu’il a tout à apprendre. «Mis à part l’amour du cinéma, je n’y connaissais pas grand-chose. Il fallait que je réapprenne absolument tout». Il lui faudra trouver sa place, trouver ses codes, qui lui permettront de s’affirmer. «Quand tu te retrouves à Paris, tu essayes de prendre le train en route, tu découvres un cinéma qui ne te ressemble pas, et tu finis par croire que c’est peut-être le BON cinéma».
Je t’aime moi non plus
À cette même période, Damien fait la rencontre du 8ème art. « La photographie est arrivée dans une période de doutes. Il me fallait trouver un autre moyen d’expression». Il affirme pourtant ne pas aimer la photo. Ce qui en choquerait plus d’un lorsque l’on découvre le travail de l’artiste, la justesse des propos, l’agilité et la cohérence du fond et de la forme. «J’ai mon appareil en main uniquement lorsque c’est nécessaire, lorsque je dois absolument dire quelque chose».
Dire pardon, c’est aussi dire je t’aime
Damien vit les histoires d’amour, les invente et les écrit. C’est ainsi que nait l’uchronie des légendaires Pocahontas et Kunta Kinté. Pourquoi ? «Pour leur demander pardon, j’ai découvert que l’histoire popularisée était complètement erronée. Il s’agissait avant tout de viols, d’extermination de l’âme, de baptême forcé. Son histoire me rappelait celle de Kunta Kinté, lui aussi baptisé et renommé de force». C’est aussi ça, l’or de Damien Jelaine, cette capacité à rendre digne par l’image. «La culture permet de récupérer ce qui nous a été dérobé ».

S’aimer et se reconquérir
Damien rêve d’une Guadeloupe que l’on sait, qui se sait, dans l’espace et les arts. Lui qui oscille actuellement entre Los Angeles et son île, peine à parler d’art caribéen. «Nous avons d’abord un combat domestique à mener». Pour lui, la Caraïbe se doit de proposer un art politique ! «Nous ne pouvons pas nous permettre de créer en vain. Ça nous rend fragile, inoffensif. Un artiste doit réfléchir à son impact, à la nécessité et à la légitimité».