La culture de l’action culturelle

A Fort-de-France, route de Didier, un drapeau français et une plaque sur un bâtiment blanc signent la présence des équipes du Ministère de la Culture. A l’intérieur, 30 employés au service de la vision nationale de la question culturelle, au plus près du territoire.


Jean-Albert Coopmann – Jardin de la Distillerie HSE

Il y a 60 ans naissait le Ministère de la Culture. 20 plus tard, émergeaient les Directions des affaires culturelles pour incarner, conduire et défendre la politique en matière culturelle pensée, rue de Valois à Paris. Un ancrage régional des équipes du ministère à travers tout l’hexagone et l’Outre-mer qui allait sceller un système français unique en son genre et permettre une collaboration soutenue entre les artistes, les collectivités et l’Etat. « La feuille de route est toujours celle fixée par André Malraux, note Christophe Pomez, directeur de la DAC de Martinique : le patrimoine, la création et la démocratisation culturelle. Soit.

Mais, dans les faits, comment s’incarnent ces intentions ? Comment chaque DAC perçoit et s’approprie son rôle ? Christophe Pomez, nommé le 31 mars directeur de la DAC Martinique, s’arrête pour nous sur l’essence même de l’action culturelle à la française dans les Antilles.

Le patrimoine ?  

« Derrière le patrimoine bâti et le patrimoine immatériel, se joue une affaire très sérieuse, capitale pour tout groupe d’individus, particulièrement sensible pour tout territoire insulaire. Car, in fine, il s’agit bien de l’appropriation et la compréhension par chacun de son identité. La conservation, la restauration, la valorisation et la transmission du patrimoine vont permettre de parler au monde, de dessiner une représentation, intime et collective, étroitement liée avec le lieu où nous sommes nés et l’histoire dont nous venons. Au delà de quoi, c’est aussi la pierre angulaire d’une économie touristique pertinente, durable et pérenne. Loin de toute superficialité, ce que nous aurons à montrer au monde fera partie intimement de nous, et c’est pour cette raison là que le monde voudra venir voir. »

La démocratisation culturelle ?

« C’est par exemple et très concrètement l’homologation de l’enseignement artistique. La reconnaissance de la qualité pédagogique de différentes écoles permet de structurer la formation initiale culturelle et d’assurer sa place et son évolution. C’est aussi la garantie pour chaque enfant, chaque personne, que soient reconnus la formation et le parcours initiés dans la musique, la danse, le théâtre, la sculpture, la photographie… C’est tout le sens de la récente signature de la convention par le ministre pour une école martiniquaise des enseignements artistiques, l’EMEA. Mais c’est aussi le sens des dispositifs « culture santé » qui amènent la culture au sein de l’hôpital ou « culture justice » pour les prisons. L’engagement de la « démocratisation culturelle » c’est en quelque sorte la culture pour tous, quel que ce soit le public ; et dans ce cadre, nous veillons particulièrement à donner une place centrale aux artistes. Ce sont eux les acteurs réel, les « faiseurs » de culture. »

La création ?

« La culture est vivante, il faut créer pour pouvoir faire exister, émettre et diffuser ses créations, participer au monde. Prenons le problème à l’envers pour bien en mesurer l’enjeu : ne pas encourager la création, reviendrait à prendre le risque que la Martinique reçoive seulement les créations des autres cultures… Au prix, fatalement, d’un appauvrissement culturel du territoire. Encourager la création c’est donc aussi et concrètement permettre à ceux qui souhaitent vivre de leur art de le faire. C’est notre rôle en tant que DAC de savoir reconnaître, soutenir et accompagner les artistes. A ce titre, les lieux de résidence sont un point clé dans le cycle de production d’un artiste. Puisqu’avant qu’il ne vous présente son spectacle, il a bien fallu qu’il répète tous les jours pendant plusieurs mois ou plusieurs années… »

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