Viktor Lazlo à Sainte-Marie

« C’est là où mon cœur bat », se promener en Viktor Lazlo

Texte Willy Gassion – Photos Pierre de Champs

L’Eglise Notre Dame de l’Assomption domine la ville sur le morne bitumé. Viktor Lazlo est là, et elle aussi domine la ville. Le soleil la coiffe de sa plus douce auréole, celle du matin, l’or dans ses cheveux.

Ses yeux amoureux touchent l’horizon. La baie, l’îlet Sainte-Marie… le panorama est sublime. « C’est là où mon cœur bat. » « Là », c’est à Sainte-Marie, petite ville du nord atlantique en Martinique, le berceau de sa famille paternelle.

Plage de Sainte-Marie en Martinique

Soudain la pluie ! La ville court à la recherche d’un abri, Viktor reste paisible sous les gouttes tièdes. « C’est comme passer sous une douche agréable, je suis une grande pratiquante de la pluie ici. »

Ses pieds nus sur le sable mouillé, les empreintes que l’écrivaine laisse derrière elle. « Je sais qu’un jour je reviendrai vivre en Martinique. »

Trafiquants de colères, deuxième volet de la saga commencée avec Les passagers du siècle parait en 2020 aux éditions Grasset.

Vaincre le tombolo

« Pour battre, le cœur a besoin d’émotion, de souvenirs, j’ai besoin de savoir d’où je viens et de vibrer avec une terre, avec un lieu ; et ce lieu est incarné par l’Ilet Sainte-Marie et le tombolo qui rassemblait mes bonheurs et mes frayeurs.

Chaque fois que je le franchissais, je me disais que je n’allais pas en sortir, et en sortir était une victoire en soi. »

Viktor Lazlo au Tombolo à Sainte-Marie en Martinique

Le bonjour à la grand-mère

« On parle des morts, on raconte des histoires sur eux, la mort n’est pas reléguée à l’oubli. Je ressens beaucoup l’influence de ma grand-mère, c’est la première femme forte que j’ai rencontrée.

C’est la première personne de ma famille que j’aimais à ce point-là. A chacune de mes visites à Sainte-Marie, je viens lui dire bonjour. »

Cimetière de Sainte-Marie en Martinique

Péyi mwen

« Une année sans venir en Martinique est un arrache cœur. Depuis que j’y ai mis les pieds, à l’âge de neuf ans, dès la première seconde ça a été mon pays.

Mon fils entretient le même lien épidermique avec la Martinique, cet ordre de transmission est atavique. Ça m’habite tellement fort que cela ne pouvait pas être autrement. »

La petite maison Cité Etoile

« Ma grand-mère tenait un bar rue Victor Sévère à Fort-de-France, elle a acheté cette petite maison Cité Etoile à Sainte-Marie, il y avait de la citronnelle et des pieds de piment derrière la maison.

La maison est aujourd’hui méconnaissable, elle a été vendue et refaite. Je revois tout : les meubles, la chambre de ma grand-mère… les rad kabann sous le lit sur lequel je dormais. »

Maisons à Sainte-Marie en Martinique

Sainte-Marie on my mind

« Sainte-Marie est un tissu de contradictions. Je me rends compte à quel point son existence est indissociable de la mienne, mais je sais que le jour où je reviendrais vivre en Martinique ça ne sera pas à Sainte-Marie.

Tout me ramène à Sainte-Marie, ce ne sont ni la laideur ni la beauté qui attachent le souvenir. C’est ici, adolescente, que j’ai échangé mon premier baiser. »

Viktor Lazlo

Je savais que je serais écrivain

« Quand j’étais petite, je savais que je serais écrivain, je l’ai écrit à douze ans dans mon journal intime. Mes souvenirs c’est de la matière pour l’écriture.

Après avoir été invitée au Festival Ecritures des Amériques en Guadeloupe lors de l’édition 2018, j’ai été l’instigatrice de la première étape de l’édition 2019 qui a eu lieu pour la première fois en Martinique.

Ce festival me permet de tout rassembler : la Martinique, Sainte-Marie et l’écriture. Il coïncide avec mon désir de plus en plus fort de vivre en Martinique. »

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