Il n’y a qu’avec l’œil que Gaël Rapon s’invite. Il n’y a qu’avec l’œil qu’il salue, doigt sur l’objectif, la substance intime et l’allégorie des âmes.
-Texte Coralie Custos Quatreville-
Un peintre de la photographie
Son travail est texture, composition et recomposition. Sa démarche est lumière charnelle pour vaincre l’opacité, le dedans du dedans et les heures sombres lorsque l’ennui rencontre le vide.
On entre dans la poésie de ses photographies comme on entrerait dans une peinture de Gustave Moreau. Tout est analogies, suggestions, gris-gris, jaune Klimt, tournesol et phalaris séchées. Tout est géométrie, équations à plusieurs inconnues à défaut de n’en chercher qu’une seule.

Trinité <> Paris
Martiniquais né, son paysage c’est Trinité. Des ruelles délavées, des cases gondolées qui se jettent dans une eau verte salée et presque sucrée. Parisien, son horizon c’est Vigneux, les mamas des quartiers et les crew qui trainent, qui jouent au foot, qui ont soif de belles envolées.
Ses souvenirs, ce sont aussi les mystères bien gardés des catacombes, les conversations souterraines à mille lieux des gens du dessus, dans la poussière des os, dans l’eau sulfureuse de cette autre surface. Mais ce sont aussi les toits de Paris, au-dessus des lampadaires, à la lucarne des fenêtres qui contemplent avec des pupilles ébahies le tourbillon du monde.

Gaël Rapon c’est aussi Tetris.
Une série de collage, sur plusieurs années, aux références contrastées, à l’image de sa pensée créative : qui ne voit la réalité que par son présent pluriel. À 38 ans, tout est photographie ou presque.
Des projets en fil distendu, une claque au Niger au contact d’une population appelée justement « misère ». Un retour à soi à Cuba, des allers-retours aux Antilles aux simples trajets à l’affut du moindre visage dans un RER.
Gaël Rapon, son nom est Gaël Rapon. Le conglomérat étonnant de plusieurs dimensions qui se rencontrent, de plusieurs univers qui s’amoncèlent. Et parce qu’on lit dans ses yeux, la recherche infinie de l’éternel, on distingue progressivement le beau et ce trop plein de réel.
Zié Kléré, faut-il retenir autre chose ?
