Pour la 2ème édition du FIAP, la Martinique s’est transformée en centre de gravité de l’art performance.

Un festival décloisonné
Début novembre, pendant sept jours, quinze artistes ont investi la ville de Fort-de-France y livrant des performances à la librairie KAZABUL, au grand marché couvert, au musée d’archéologie précolombienne et de préhistoire de la Martinique etc.
Cette multiplicité des espaces de performance a permis de décloisonner le festival, dont la première édition s’était tenue dans le périmètre de l’hôtel l’Impératrice, et lui donner une résonnance et un public plus vastes.

Invitation des scolaires
Les élèves du lycée de Ducos ont ainsi pu assister à une performance de l’artiste Lara Kramer.
« Au milieu du gymnase de l’établissement, sur une large feuille blanche, elle s’appliquait à placer et aligner des grains de riz sauvage, interrogeant les élèves sur la culture amérindienne au Canada et la place qui est faite à ce peuple », décrit Annabel Guérédrat, artiste performeur et cofondatrice du festival FIAP Martinique.
Pendant 40 minutes, son intervention lente et minutieuse a créé une sorte de méditation dans laquelle les lycéens ont été plongés et captivés.

Action in socius
Le FIAP aura eu cette année plusieurs rythmes et tempos. Les performances aux scénographies intimistes ritualistes ont alterné avec des performances « multimédia ».
On aura aussi connu une ou deux performances « action in socius », poursuit Annabel. Des interventions où l’action pensée et réalisée par l’artiste est différente de la perception qu’en a le récepteur.

Telle la performance de Laurent Troudart et André Eric Letourneau sur les escaliers au pied de la tour Lumina à quelques mètres du débarcadère des immenses paquebots de croisière. Les deux artistes étaient munis d’une canne à sucre, et leurs complices présentaient des boissons de jus de canne aux touristes allemands qui venaient de mettre pied à terre à Fort-de-France. Ceux-là étaient ravis de cette attention, quand les artistes, par leur geste, pointaient du doigt le développement du tourisme de masse en Martinique…
Seul le public du FIAP avait pu percevoir le tableau entier qui se dessinait sous leurs yeux sur les quais de la ville. Une scène à ciel ouvert ouverte au vent et à la transgression, douce ou brutale, imprévisible et forcément radicale.