Dans IRMA 2.0, Bénédicte Jourdier interroge le rôle des réseaux sociaux en temps de crise. – Texte Willy Gassion – Photo Nadia Boukir
Du cyclone Irma, chacun sait le chaos qui s’en est suivi, le spectacle de fin du monde n’est plus à décrire. Isolés, les habitants de Saint-Martin se sont raccrochés à leur téléphone portable.
Chacun avait ses raisons, une fois les connexions rétablies, d’inonder les réseaux sociaux de photos et vidéos que les internautes à leur tour ont massivement partagées en créant ainsi un autre cyclone, médiatique celui-ci.
C’est à ce phénomène que Bénédicte Jourdier s’intéresse dans IRMA 2.0.
Comprendre l’humain
Le documentaire n’apporte pas de réponse mais fait le constat du phénomène médiatique né de l’usage abondant des réseaux sociaux en temps de crise.
« Comprendre l’humain » et ses réactions face au danger, comprendre par exemple ce qui pousse Hervé, un des témoins du documentaire, à filmer quasiment sans relâche l’arrivée et le passage destructeur d’Irma.
« Ce qui m’a impressionnée, reconnait Bénédicte Jourdier, c’est qu’il puisse trouver le temps de filmer le danger. Les réseaux sociaux étaient le cordon qui le reliait à sa famille, il ne pouvait pas couper ce cordon. »
Se remettre en question
Dès lors des questions se posent : quel crédit apporter à ces publications quand les médias traditionnels sont défaillants ? Quelle est la responsabilité de celui qui filme et quelle est celle de l’internaute qui consomme ces images ?
« Le documentaire questionne mon rapport à mon métier de journaliste. On nous enseigne de prendre du recul, et là il n’y avait aucun recul mais que de l’émotion et de l’immédiateté. »
« Ce film est une invitation à se remettre en question, les réseaux sociaux en temps de crise peuvent devenir un média qui relaie de bonnes et aussi de mauvaises informations. »
IRMA 2.0 diffusé le 2 septembre sur Canal+ Caraïbes, sélectionné dans la catégorie documentaire au Terra Festival et au Nouveaux Regards Film Festival