Fouet du carnaval de Guadeloupe

Livio ka pété fwet la !

A 26 ans, Livio Bogdan, le « gars de la Guadeloupe » a ouvert Ti Fweta ! Un espace entièrement dédié au carnaval et en particulier au fouet qu’il fabrique lui-même. – Texte Willy Gassion, Photos Lou Denim

Livio - créateur Ti Fweta - Guadeloupe

C’est un concentré de Guadeloupe, d’authenticité et de carnaval.

Entre ces quatre murs-là, un petit lieu où il se passe de grandes et belles choses. L’espace Ti Fweta ! à Morne-à-l’Eau. 

« C’est d’abord un espace de rencontres, de discussions et d’échanges, un lieu pour les artisans et les artistes de la Guadeloupe, un lieu pour leur visibilité. Je voulais que Ti Fweta ! ressemble à la Guadeloupe, qu’on puisse s’identifier. » 

L’espace Ti Fweta ! comme une case : les mots de bienvenue en créole inscrits sur l’enseigne (Ouvè lè an la, fenmé lè an pa la), une affiche qui dit l’intention du lieu (Pwan kilti aw en men), la fenêtre ouverte sur un petit jardin, et le vent des alizés…

Trois photos sur un mur témoignent du parcours de Livio : ses débuts itinérants sur des tréteaux, puis son amitié avec le plasticien Joël Nankin (sur la piétonne à Pointe-à-Pitre, l’un peint et l’autre fabrique des fouets), et enfin Livio jouant du tambour chant lors d’un Mas. 

Valoriser le fouet 

Ici, il est question de culture, de patrimoine et plus particulièrement de fouet. Le fouet qui lacère le goudron, fait lever la poussière et qui surtout symbolise le carnaval, celui que Livio aime, celui des déboulés.

Livio de Ti Fweta

« Le fouet ouvre le Mas et chasse les mauvaises ondes. »

Livio Bogdan est un passionné du fouet « ma mission est de valoriser le fouet », il n’a que sept ans quand il confectionne seul, en autodidacte, son premier fouet de carnaval.

« J’ai toujours été à fond dans le carnaval, particulièrement le Mas, je suis dans Akiyo mais je ne suis plus fouettard depuis deux ans. » 

Une passion chronophage

Ce qui au départ n’était qu’une curiosité d’enfant devient central dans sa vie. Une passion chronophage. 

 « J’ai passé des nuits blanches à fabriquer non-stop des fouets. »

Livio s’use les doigts en tressant le karata, en collant, en ajustant, en s’améliorant… ses premières créations intéressent peu jusqu’à ce qu’il les expose sur un réseau social.

« J’ai créé la marque Ti Fweta ! en 2018, au départ c’était du bouche-à-oreille, puis avec les réseaux sociaux, les ventes se sont envolées, j’ai dû créer 300 fouets en 2 mois. Le fouet parle aux gens, aux guadeloupéens et aux touristes.

Quand un touriste canadien achète un de mes fouets, c’est un peu de la Guadeloupe qu’il emporte avec lui, et ça me rend heureux. J’ai des commandes de l’Hexagone, des USA, du Canada, de la Martinique et de la Guyane. »

« Je vais faire vivre le carnaval par les réseaux sociaux » 

Ti Fweta - Guadeloupe

Le Carnaval fait main 

Le fouet, mais pas que : le carnaval fait main en son entier. Du kit de survie du fouettard à l’huile de roucou qu’il confectionne lui-même en passant par les tambours chant fabriqués par des artisans guadeloupéens.

Mais aussi, dès ce mois de janvier 2021, des ateliers de fabrication de fouet ouverts aux enfants et aux adultes pour apprendre à « fabriquer le fouet, péter le fouet et fabriquer le vrai karata. » 

« Ce gars de la Guadeloupe », comme il se définit (il dit n’être d’aucune commune en particulier et de toutes les communes à la fois), vit, sans déception, l’annulation du carnaval.

« On peut faire vivre le carnaval sans déboulé, l’essentiel est de rester connectés à la tradition et à la culture même s’il n’y a pas de déboulé dans les rues. »

« Je vais faire vivre le carnaval d’une autre manière, par les réseaux sociaux avec des vidéos de concours de fouettards, des tutos sur les fouets, et les ateliers en présentiel. » 

Instagram : @ti_fweta – Facebook : @TiFweta

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.