Rudy Benjamin - VIM

« VIM sé lanmou »

Depuis son enfance à Fond Laugier jusqu’à Vim dont il est aujourd’hui le directeur artistique, Rudy Benjamin a toujours baigné dans le carnaval. C’est par le biais du carnaval que ce musicien continue à s’approprier la culture guadeloupéenne. – Texte Willy Gassion, Photo Pierre de Champs 

Quels sont vos premiers souvenirs de carnaval ? 

Rudy Benjamin : Le carnaval faisait partie de la vie de Fond Laugier où j’ai passé mon enfance.

J’avais peur des mas, ils étaient, pour moi, liés à la mort, aux contes effrayants que me racontait ma Mabo avant d’aller dormir… mais j’étais aussi attiré par la musique du carnaval, par l’ambiance de fête qui régnait à Fond Laugier.

Je me souviens de Vélo qui venait à Fond Laugier, c’était un des musiciens du Mas a Senjan. Nous allions avec d’autres jeunes du quartier, plus grands que nous et sans nos parents, sur la Place de la Victoire pour regarder le Mas a Senjan, nous avions alors un sentiment de liberté.

« La première fois que je me suis déguisé, le corps enduit de roucou, c’était avec Akiyo, cela a été un véritable choc pour moi : j’étais le mas, j’étais transformé en ce que je craignais quand j’étais petit. »

Quand je suis revenu en Guadeloupe après mes études à Paris, c’est par le carnaval que j’ai refait mon immersion.

C’est le carnaval qui m’a reconstruit et m’a redonné mon corps de guadeloupéen en même temps qu’il m’a permis de me situer dans le monde.  

Rudy Benjamin - groupe de carnaval VYM

Vous avez vu naître le groupe Akiyo… 

Akiyo c’était principalement les jeunes de Pointe-à-Pitre, adeptes de Vélo, qui voulaient mettre le Ka en avant.

« Il y avait un combat permanent entre ceux qui voulaient faire d’Akiyo un mouvement politique dans la rue, et ceux qui voulaient faire du mas. »

J’étais musicien dans Akiyo, il y avait une créativité incroyable dans la musique et dans les costumes.

A partir d’objets de récupération (comme des capsules) ou d’éléments naturels (comme les feuilles de bananier) on créait des costumes qui ne coûtaient rien.

On était dans l’esprit du Mas a Senjan et la base de nos créations c’était la tradition. 

Rudy Benjamin

Vous êtes directeur artistique de VIM, que pouvez-vous nous en dire ? 

VIM a été créé en 2004 par un groupe de filles. Pendant un an, nous avons travaillé à ce que devait être VIM. Cet acronyme signifie à la fois : Very Important Mas, Vayan Inisyé Mas, Volontairement Impliqués Mas ou Voryen Initil é Makoumè

Le plasticien Antoine Nabajoth a défini les couleurs de VIM : orange, rouge et bleu auxquelles nous ajoutons une couleur inédite à chacune de nos sorties.

Les musiciens sont majoritairement des femmes. Avec VIM on est plus dans la danse, la musique est plus chaloupée, on continue à débouler mais sans la démarche militaire.

« VIM c’est l’altérité, la tolérance et la dérision. VIM sé lanmou. »

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Une réflexion sur “« VIM sé lanmou »

  1. Ne changé pas les choses ki fait mal ou bien.
    La création de tout c’est de sentir la chose lorsque ĺ’on crée.
    Que musique culturel costume ou autr.
    Bon vent pour VIM

Répondre à BRIVERT Jean-MarieAnnuler la réponse.

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