Jessy Tacalfred

Portrait de Jessy Tacalfred, roi du carnaval de Guadeloupe 2018

À 26 ans, Jessy Tacalfred, membre du groupe Double Face, est le dernier roi du carnaval de Guadeloupe, élu en 2018. Rencontre avec un « fou de carnaval. » – Texte Willy Gassion 

Jessy Tacalfred, roi du carnaval de guadeloupe 2018
Photo Salika Ismael

Le roi est triste. À Montpellier où il vit et travaille, Jessy Tacalfred, le dernier roi élu du carnaval de Guadeloupe 2018 se morfond.

Ce « fou du carnaval » n’a jamais manqué une édition du carnaval de chez lui, et là, cette année : patatras ! La Covid prive le roi de la jolie liesse colorée.

Pour le jeune homme de 26 ans qui a grandi à Vieux-Fort, le carnaval est la période de tous les rendez-vous : les retrouvailles avec le pays, sa famille et bien sûr Double Face, le groupe qui l’a fait roi.

« Le carnaval, ce sont mes seules vacances annuelles et je les passe en Guadeloupe à défiler. C’est le moment le plus festif de l’année. Le carnaval, c’est tout pour moi, c’est le seul moment où on est libre de faire ce dont on a envie sans recevoir de critiques. » 

Double Face et pas un autre 

Jessy Tacalfred est né danseur. C’est ainsi. « J’ai toujours su danser. » Une évidence, comme avoir une paire d’yeux ou deux jambes.

Il n’a que trois ans quand il se produit devant un public lors de la fête patronale de Pointe-Noire et se souvient d’avoir été à sa place, « là où je dois être », comme si la scène, le spectacle étaient son environnement naturel.

À vingt ans, Jessy intègre le groupe Double Face, « le groupe que j’aime le plus au monde depuis mon enfance, souvent lauréat aux élections des rois et reines du carnaval. La musicalité de Double Face m’a toujours fasciné. C’était Double Face et pas un autre », affirme-t-il sur un ton à la fois amusé et péremptoire.

La folie et la démesure de Double Face (70 musiciens, 80 danseuses) semblent faites pour la nature du jeune homme. « J’aime la vie, j’aime la fête, je cultive le positif. »

« Au sein de Double Face, on passe nos soirées à rigoler lors des ateliers costumes, on s’entraide, la solidarité est une valeur essentielle dans le groupe, c’est tout cela qui me plaît. » 

Jessy Tacalfred, groupe de carnaval Double Face
Photo PIE

Sacré roi du carnaval 

Peut-être avait-il déjà la stature ; peut-être sommeillait, déjà, en lui, un roi qui s’ignore… C’est à Jessy que Grégory Gédéon, chargé de communication à Double Face, propose, trois jours avant le concours, de se présenter à l’élection du Roi du carnaval 2018.

« Peut-être n’avait-il pas de doute sur le fait que j’accepte (rires). C’était un peu le fouillis dans ma tête, j’étais stressé mais ça m’allait bien, c’était un stress productif qui m’obligeait à me dépasser et à donner le meilleur de moi-même. J’ai eu la chance d’être soutenu par ma mère. » 

Jessy passe les nuits qui précèdent l’élection à confectionner son habit de lumière : « nous n’avons pas eu le temps de fabriquer notre propre décor, c’est le groupe Waka Chiré Band qui nous a prêté un décor « Kann a la riches ». »

Roi du Carnaval de Guadeloupe 2018
Photo Bruno Michaux Vignes

« Je portais une veste caraco dorée, un short bronze, des bottines vertes, une énorme coiffe avec des plumes colorées et j’avais le corps recouvert de body painting doré et pailleté. »

J’étais intégré à mon décor monté sur roues. Il y avait trois passages et il fallait gérer le poids du décor, sa stabilité et la direction. J’étais surexcité, je voulais m’amuser et communiquer au public ma joie d’être sur scène. »

C’est dans les jardins de l’Artchipel à Basse-Terre, et face à deux autres concurrents, que Jessy est sacré Roi du carnaval. « J’étais très heureux, j’ai défilé les jours gras avec mon écharpe de roi. Je suis le dernier roi élu, ce titre m’a apporté une plus grande estime de moi. » 

Le roi boude, un sourire dans la voix. C’est à la fois un caprice et une punition qu’il s’inflige : Jessy refuse de poser un pied en Guadeloupe puisque le carnaval a été annulé.

« Je suis très malheureux, je ne viendrai pas en vacances en Guadeloupe. Je regarderai, chaque dimanche sur mon écran, les rétrospectives du carnaval en dégustant des beignets que j’aurais cuisinés comme le veut la tradition au pays. »

A lire également
Livio ka pété fwet la !
Doddie et Nicky, créateurs de beauté
Les Moko-zonbi de l’association Anthurium

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.