Agnès Djafri

Agnès Djafri, Autoportrait

Sa peinture c’est elle. Ses rêves, ses questionnements philosophiques, ses recherches, chacune de ses respirations. Agnès Djafri est plasticienne née à Nice d’une mère Guadeloupéenne et d’un père Algérien qui lui ont enseigné la curiosité, le goût des Autres et la découverte. – Texte Willy Gassion 

Les eaux et celle où se développe la vie. N’est-ce pas là, à cet instant, dans ce ventre-là que se joue en partie notre destin. Ce qui nous est donné et qu’on décide ou pas d’accepter puis de cultiver.

« Ma mère a fait de la figuration dans un film à Nice quand elle était enceinte de moi, mes parents nous ont intéressé mes frères, ma soeur et moi à beaucoup de choses, ils m’ont permis de développer, de nourrir et de faire grandir ce germe. Je chantais, je dessinais, je dansais, je chante encore Le beau Danube bleu. » (sourire) 

Agnès Djafri - peintre guadeloupéenne

C’est le dessin qui l’a happée 

Enfant, Agnès Djafri se promenait sur la cime des arbres. S’élever pour mieux voir, mieux comprendre. Découvrir. Faire connaissance avec la terre de Guadeloupe qui ne l’a pas vue naître.

« J’étais solitaire, je grimpais aux arbres, je mangeais des fruits. La Guadeloupe à mon arrive de Nice c’était une révélation, c’était comme une lumière. J’ai tout vu, c’était éblouissant, la pleine nature, le lieu idéal pour grandir. »

« J’ai découvert qu’il est plus facile de grimper sur un arbre que d’en descendre. Je suis tombée deux fois, la première fois une branche s’est cassée sous mon tout petit poids et la deuxième fois je suis tombée d’un quenettier parce que j’avais vu un lézard avec deux queues qui avançait vers moi et ne voulait pas reculer. Ce lézard semblait sortir des contes que me racontait ma grand-mère, c’était pour moi un univers merveilleux et terrifiant, c’était la découverte des contes créoles. »

Peinture Agnès Djafri
Photo Gérard Maximin

C’est donc depuis toujours, depuis l’origine qu’Agnès Djafri baigne dans l’art et la découverte. Elle aurait pu être danseuse, musicienne ou chanteuse mais c’est le dessin qui l’a happée. Le dessin d’abord au lycée.

« Yves Sicard, mon professeur, m’a donné le goût de la couleur et du graphisme, il m’a appris l’importance du choix des couleurs, à travailler l’oeil, les mains et l’esprit à travers les lectures. »

Puis le dessin à l’IRAVM (Institut Régional d’Arts Visuels de la Martinique) où elle ne fait qu’un bref passage. 

Les lettres fécondent les oeuvres 

Avant les couleurs, il y a les lettres et ce sont elles qui fécondent les oeuvres. Dans son processus de creation, Agnès passe d’abord par l’écriture.

« Mon livre préféré c’est le dictionnaire, j’ai toujours besoin d’écrire, je ne peux pas exprimer mes idées tout de suite en peinture. J’écris beaucoup, je fais des recherches, après je dessine et je peins. »  

Ecrire, dessiner, peindre : la trinité d’Agnès Djafri. Mais aussi respirer et observer. Regarder le monde, se regarder aussi. Découvrir l’Autre et se voir en lui. Donner du sens et créer.

« Je me nourris de beaucoup de choses, j’étudie depuis des années les philosophies anciennes qui me captivent et me donnent des outils pour travailler sur moi. Mon ambition principale c’est d’éveiller ma conscience et d’influencer un tout petit peu ceux qui m’entourent. »

« Dans mon travail je parle de moi pour parler aux autres mais je ne leur apprends rien, je leur remets en mémoire ce qu’ils savent déjà. Je peins à travers une vision de ce que je ressens, c’est comme une méditation, et ce que je ressens, je crois que tout le monde le ressent mais on s’oublie, on est tous absorbés par le quotidien. Chacune de mes toiles est une note, une pensée pour rappeler ce qui est important. »

Khad et Agnès Djafri
Agnès Djafri et sa fille Khad

Avec sa fille Khad, elle aussi plasticienne, Agnès a entamé “Porte sur l’ailleurs”, un travail à quatre mains. « Cet ailleurs, c’est notre éden intérieur à découvrir et à cultiver. »

Depuis 2018, elle expose régulièrement à la Pool Art Fair. Le 8 mars 2021 elle participe à une exposition collective avec 8 autres femmes artistes à la galerie L’Art s’en mêle. Une expo digitale avec la Fondation Clément est aussi en préparation. 

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