Il est des rencontres que le temps nous offre sans que nous puissions en mesurer, sur l’instant, leur portée. Rodney fait partie de ces personnes croisées, il y a fort longtemps, qui continuent d’influencer mon présent. Photo-Reportage Cédrick Isham
Notre première rencontre, dans une chambre universitaire, celle d’un ami commun, nous avait permis de freestyler et je m’étais dit que ce « mec était un ovni de la rime ». Aujourd’hui, c’est dans la capitale qu’il continue de donner la matière à ses rêves.
Le temps d’un thé, nous avons échangé sur cette période particulière. Je voulais savoir comment il vivait la crise Covid et comment il était possible de sortir, sans dégâts, de cette situation inédite.
Apaisé et serein, il a pris le temps de me partager son expérience et ses perspectives futures…

« En tant qu’artiste, c’est une situation qui m’a permis de faire un peu plus de live en direct sur les réseaux et j’ai pu écrire un peu plus de textes également. »
« En tant qu’entrepreneur, mon activité a été ralentie comme pour beaucoup mais c’était aussi une occasion pour travailler sur d’autres projets, ainsi que ma communication sur les réseaux, notamment, et j’ai préparé un certain nombre de dossiers. C’était essentiel. »

« Je ne fais pas partie de ceux qui ont attendu le discours du Président pour se réinventer sur le plan artistique et entrepreunarial. Nous devons comprendre qu’il y a la création artistique, d’une part, et la façon dont on va mettre en avant nos projets, d’autre part. »
« Il faut se réinventer constamment et j’ai souvent mené des projets où j’avais pris des risques en sortant de ma zone de confort. »
« Évidemment, j’ai soif de rencontrer des gens mais les évènements virtuels sont une alternative pour la suite. C’est un peu plus froid mais il y a quelque chose à creuser. On peut aller vers des choses ludiques, mais il faut trouver le bon médium.
Ceci étant, je ne pense pas que la situation va durer. Il faut déjà prévoir l’après, et penser à sortir des tiroirs les projets qui vont nous permettre de se réaliser. »

« C’est un évènement qui a surpris tout le monde, même le gouvernement, et ce qui a été fait n’est peut-être pas suffisant. Mais je crois que dès que possible nous devons penser, nous-mêmes, à trouver des solutions pour nous-mêmes. »
« Je ne veux pas attendre sur les institutions car je pense qu’il est urgent que nous puissions, entre artistes ou entrepreneurs, nous fédérer, nous rassembler pour être force de proposition et faire sans l’aide de l’état. »
« Je suis pour quelque chose qui nous conduise vers une autonomie. Je fais partie d’une génération qui s’émancipe du fonctionnariat, et nous pouvons montrer que d’autres voies sont possibles.
Le culturel est important, il a une valeur ludique, éducative, il rassemble et on peut en vivre. C’est tout ça qu’il faut repenser donc j’ai plutôt envie de m’adresser à des gens qui sont dans les mêmes dynamiques que moi, ou alors à ceux qui nous suivent et qui pourraient avoir des idées. »
Instagram : @lagachetrod