Michaelle Ngo Yamb Ngan

La musique sous toutes ses formes

À la tête de la direction du Conservatoire de musique, danse et théâtre de Guyane, Michaëlle Ngo Yamb Ngan, évoque sa métamorphose, sa passion pour la musique et son expérience en tant qu’enseignante. Elle a mis en place un plan de mobilisation pour le secteur musical, très touché par la crise sanitaire. – Texte Karollyne Hubert, Photo Mathieu Delmer

La musique avant tout

Michaëlle a grandi jusqu’à l’âge de 8 ans au Cameroun, mais c’est en Guyane qu’elle développe ses racines. Avec son baccalauréat littéraire option musique en poche, elle part à Orléans pour continuer ses études où elle reçoit son premier prix comme flûtiste avec félicitation du jury.

Cette passion par la musique a toujours bercé le foyer familial. La mère de Michaëlle est professeure de musique et sa sœur pianiste. Toujours dans le monde artistique, son frère Marvin Yamb qui est réalisateur et artiste plasticien, confirme cette passion familiale pour l’art.

« Ce sont des métiers très différents, mais passionnants », raconte la musicienne, qui durant les années d’enseignement continuait ses créations artistiques tout en montant sur scène. Dans la musique, en plus d’être flûtiste, Michaëlle est aussi chanteuse. Au long de sa carrière, elle collabore avec plusieurs artistes guyanais et étrangers.  

L’une de ses collaborations donne naissances à deux albums : Terre Amazone (2014) et Morpho (2016) avec le guitariste Fabrice Pierrat. Ils créent ensemble le groupe Duo Amazone.

Dans le répertoire «  Tambou an tcho », « Mo te mande » ou encore « Laro Camopi », des rencontres entre l’Amazonie et des influences sud-américaine et caribéenne. Elle a également travaillé avec le guitariste martiniquais Eric Bonheur et avec les artistes Emile Romain et Arsène Popo. 

Michaelle Ngo Yamb Ngan - directrice du conservatoire de musique, de danse et de théâtre de la Guyane

Enseigner ses passions

Durant son parcours de musicienne professionnelle, elle commence sa carrière comme enseignante à l’ENCRE, où elle donne des cours de flûte traversière.

« Il faut une bonne hygiène de vie pour pourvoir fusionner passion et travail car ce n’est pas toujours évident… J’enseignais à l’ENCRE, mais à côté, je travaillais ma musique avec d’autres collègues ».

Pour elle, la forme dont elle aborde la musique n’est pas l’essentiel, mais le fond : « Peu importe ce que je fais, il aura toujours de la musique ». 

Tous les artistes n’ont pas le sens de la pédagogie. Partager sa passion au niveau de l’enseignement n’a pas été le plus facile, selon la directrice : « Aimer la musique est une chose, l’enseigner en est une autre. Pour moi, être professeure de flûte a été difficile, car il ne fallait pas juste enseigner… Il fallait motiver les élèves et les pousser à apprécier la musique. L’échange entre élève et enseignant n’est pas toujours le même : les élèves sont différents et il faut toujours s’adapter à eux ». 

Pour la directrice, enseigner ne signifie pas seulement partager ses connaissances : « On enseigne l’art aux futurs professionnels et aux amateurs aussi et c’est très plaisant », avoue-t-elle.

« Enseigner c’est donner sa part, contribuer à l’éducation des enfants. Quand on enseigne, il ne faut pas s’attendre à ce que tous les élèves deviennent des grands artistes ou des enseignants. »

L’art de diriger 

Pour la troisième étape de sa vie professionnelle, après avoir été musicienne et enseignante, elle devient Chargée de direction au Conservatoire de musique, danse et théâtre de Guyane.

Cette troisième phase surgit très vite explique-t-elle : « Je ne m’attendais pas à devenir directrice aussi jeune, après le premier directeur Serge Long I Nam, je suis devenue la deuxième directrice de l’ENCRE ».

En tant que directrice, elle trouve les mêmes objectifs que dans l’enseignement :
« La masse de travail est beaucoup plus importante. Même si je ne travaille plus avec les élèves, je travaille pour les élèves. »

« Je pense que ma carrière m’aide beaucoup car un jour j’étais élève et l’autre, enseignante. Maintenant je travaille pour que les élèves puissent aimer apprendre et que les professeurs puisent aimer enseigner ». 

La culture se mobilise 

Durant le premier confinement et le couvre-feu qui a duré des semaines en Guyane, Michaëlle explique que le télétravail a été un outil indispensable pour elle.

« Je pense qu’on peut utiliser le télétravail dans un monde post-covid comme un outil complémentaire. Cela pourrait même être une astuce pour les femmes qui ont des contraintes pour se rendre aux locaux de travail. Dans mon cas, en tant que directrice, des tâches à distance étaient possibles.

Maintenant pour les élèves et enseignants, cela me semble moins évident car les élèves sont moins motivés et ils ont besoin d’un professeur pour les encadrer. Bien évidemment, avec mon équipe, nous cherchons des alternatives pour que ces échanges soient plus dynamiques. »

« Le plus important, encore une fois, n’est pas la forme, mais le fond : la musique est éternelle, rien ne peut l’arrêter. »

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