Mike Flessel - créateur de balais traditionnels - Guadeloupe

BALÉYÉ DOUVAN PÒT A’W, avec les balais traditionnels de Mike Flessel

A 78 ans, Mike Flessel perpétue la tradition de la fabrication de balai à partir des feuilles du latanier.

Texte Willy Gassion – Photos Cédrick-Isham Calvados

Fabrication de balais traditionnels - Mike Flessel

Ce bruit-là ne s’entend presque plus. Celui des feuilles séchées du latanier qui grattent le sol et rassemblent la poussière. C’était presque lui qui ouvrait le jour avec le chant du coq, après la première gorgée de café du matin.

Le bruit du balai traditionnel, le bruit du temps d’avant, volatil comme la poussière, emporté par les vents de la modernité.

Epousseter le ciel, chasser les nuages

Debout pié pou tèt, accrochés au pare-chocs de sa voiture, les balais de Mike Flessel époussettent le ciel, chassent les nuages et attirent le chaland. Des balais qui l’ont fait grandir et qui disent la tradition familiale.

« Mon père fabriquait des balais que ma mère vendait sur le marché de Pointe-à- Pitre. »

C’est à son retour en Guadeloupe que ce militaire à la retraite se met lui-aussi à la confection des balais. Retour au pays et retour à soi, les traditions familiales et celles du geste artisanal qui vous rattrapent.

« Je ne sais pas pourquoi j’ai posé cette question, cela m’est venu comme ça, instinctivement, j’ai demandé à ma mère comment mon père fabriquait ses balais. » Peut-être ne fallait-il pas laisser mourir avec le père cet artisanat. Retenir, garder comme un trésor ce qu’il laissait derrière lui.

« Ma mère ne savait pas fabriquer les balais mais elle a vu mon père faire, elle m’a dit ce qu’il fallait aller chercher dans les bois : des feuilles de latanier, du ti-feuilles pour le manche et de la liane molle. »

Balai traditionnel en feuilles de latanier

Geste répété, tradition maintenue

Chaque geste répété, c’est un peu de la tradition qui est maintenue. Alors, s’approprier les gestes du père et exhumer ce qui est enfoui dans la mémoire. Apprendre. Recommencer Et innover aussi.

« Au début c’était, compliqué, mes premiers balais n’étaient pas parfaits, les feuilles de latanier étaient mal positionnées, le manche n’était pas droit, manipuler les balais était très inconfortable. »

Aux gestes immuables et au savoir-faire de son père, Mike a apporté la nouveauté avec la ficelle qui fait les balais plus solides.

Le temps de la transmission a sonné, il n’est pas question que de savoir-faire mais aussi de mémoire, de croyances et superstitions à préserver. « Certaines personnes prétendent que, placé derrière la porte d’entrée, le balai peut chasser les mauvais esprits. »

Le balai de Mike c’est la Guadeloupe tout entière dans son artisanat, ses us, coutumes et mystères. Offert à sa mère il y a seize ans, Mike conserve aujourd’hui comme une relique le premier balai qu’il a confectionné. « Un balai traditionnel dure une éternité. »

Mike Flessel

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