Gerno Odang - photographe surinamien

Gerno Odang, Marronnage artistique & Photographie vivante

En questionnant le marronage dans son travail photographique, Gerno Odang parle de lui, de ses ancêtres, de son histoire et plus généralement des afro descendances. Gerno Odang fèt Sirinanm. Ké so foto-ya, i ka tchoukounen lasosyété, ké tout sa ki gen disan nèg.

Texte Willy Gassion – Photo Gerno Odang

Photo Gerno Odang

Le vécu de mes ancêtres

Il est ici mais il aurait pu être ailleurs. Ici c’est à la Station Culturelle en Martinique où Gerno Odang est en résidence d’artiste.

« Je me déplace et m’adapte comme l’ont fait mes ancêtres, je porte en moi leur vécu, je travaille actuellement sur le marronnage. »

Le lieu importe peu, ce qui compte pour le photographe ce n’est pas où l’on est mais ce qu’on fait de l’endroit où l’on est.

« Je vis à Kourou depuis mes 7 ans, en Guyane, j’ai appris une autre culture mais je reste un nègre marron, je suis très curieux, je m’intéresse à mon environnement, je questionne mon identité, mon histoire, je suis un artiste engagé qui essaye de déconstruire la pensée unique et d’éveiller les esprits. »

Sa réponse peut, d’emblée, paraître convenue, simpliste, avec un brin d’ironie. « Je suis un humain. » Puis on comprend très vite que, précisément, Gerno Odang refuse les raccourcis et que sa terre de naissance ne suffit pas à dire toute son identité.

Qui est-il alors ? Gerno Odang est né des vicissitudes de l’histoire coloniale du Surinam, de la résistance et des luttes de ses ancêtres.

« Les circonstances de la vie et de l’histoire font que je me suis retrouvé sur la terre colonisée par les Hollandais, mes ancêtres se sont libérés pour créer avec d’autres ethnies africaines une société nouvelle, je suis un Noir marron, je viens du fleuve Saamaka à Sipaliwini. »

Photo Gerno Odang

La photo doit être vivante

Le travail photographique de Gerno Odang porte en lui ce « questionnement » permanent et témoigne de sa quête de sens et de vérité. La photo implique celui qui regarde, le fait entrer dans le cadre pour instaurer un dialogue. Le regardeur devient témoin de ce qui est décrit.

« La personne qui regarde doit sentir l’émotion comme si elle était là au moment de la prise de vue, la photo doit être vivante. L’esthétisme est important mais il ne faut pas juste dire que c’est une belle photo, l’esthétisme, c’est la forme, il permet d’entrer dans la photo mais c’est le fond qui délivre le message, interpelle et retient la personne qui regarde. »

Photo Gerno Odang

Bain de pays

Même s’il n’y vit plus depuis une vingtaine d’années, le Surinam n’est jamais loin.

« J’y retourne régulièrement sinon je ne respire plus, j’ai besoin de prendre un bain de pays, de nourrir cet amour-là, de me reconnecter spirituellement avec mes ancêtres, de fabriquer du pain de manioc avec ma mère, de regoûter le riz du pays et d’aller à la chasse avec mon père. »

La restitution de son travail photographique se fera en novembre 2021 lors des Rencontres Photographiques de Guyane.

Photo Gerno Odang

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