Les pinceaux et les couleurs ont toujours fait partie de son quotidien. Entre formes et nuances, Lætitia partage avec ses internautes les « kou.leurs » de son péyi. Rencontre avec Lætitia Trotin, artiste peintre guyanaise.
Texte Karollyne Hubert – Photo Jauris Bardoux
Les parents de Lætitia ont compris très tôt qu’elle avait la fibre artistique. Elle débute ainsi ses cours de peinture à Kourou à l’âge de huit ans.
Même si son choix artistique passe en primo par la peinture, c’est la musique et les couleurs de chez elle qui l’inspirent.
« J’aime beaucoup écouter de la musique quand je peins. C’est comme si j’arrivais à peindre ce que j’entends. »
Malgré son profil artistique, avant d’entreprendre une Prépa en Arts appliqués, Lætitia démarre ses études en filière scientifique. Aujourd’hui, elle se forme en Conservation du Patrimoine à Lyon, tout en gardant son activité existentielle : la peinture.
Entre « Mætière métisse » et « Kou.leur »
« Tout est matière. Le monde scientifique, les mouvements, les compositions… », explique Lætitia, qui a choisi de créer des anagrammes comme signature.
« C’est pour cela que j’ai choisi ce terme “Mætière”, auquel je m’identifie pleinement ».
Elle fait également un jeu de mot avec son prénom « Lætitia » et « matière ». Pour « métisse », son choix porte sur son métissage – « j’en ai beaucoup, de couleurs en moi » – raconte-t-elle, en ajoutant : « j’aime l’énergie et les sentiments qu’elles transmettent. »
La joie, selon elle, passe par l’émerveillement des couleurs. C’est pour cela qu’elle a choisi comme pseudo « Kou.leur » sur son profil Instagram. Le « K » représente sa ville natale, Kourou.
« Le “leur”, met en avant les autres, mais aussi, leurs regards. L’art est aussi le partage : le spectateur “voit” ce qu’il se passe à travers les yeux de l’autre ».

Soutenir les artistes
Si la crise a permis un constat sur la dévalorisation des métiers artistiques, cela n’a pas freiné l’enthousiasme et le courage des certains artistes, dont Lætitia, qui promet un retour prometteur
« J’ai fait des études pour rassurer mes parents (rires). Cependant, durant la crise, j’ai fait une introspection et je me suis remise en cause, un peu comme tout le monde d’ailleurs. Le bilan est le suivant : je suis heureuse. Heureuse de finir mes études, car je peux désormais me dédier à 100% à ma passion ».
Les parents veulent toujours qu’on ait un “vrai” métier, pour avoir une stabilité et une sécurité financière. Je les comprends et avec la crise, nous nous rendons compte qu’ils n’ont pas tout à fait tort.
« Néanmoins, l’art a besoin d’être exprimé, et sans l’art, on n’en est plus humain. L’être humain fait de l’art. L’être humain est un artiste. Il y a certainement des personnes plus douées que d’autres, mais tout être humain peut faire de l’art s’il en a l’envie ».
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