BD Histoire guyanaise

10 000 ans d’histoire guyanaise en BD

Parue en Mars 2021, une bande dessinée retrace l’histoire de la Guyane depuis les premiers amérindiens jusqu’aux événements de 2017. Le tout en…48 pages ! Retour sur un défi créatif inédit, relevé avec brio par Olivier Copin et Dennis Lamaison. – Texte Adeline Louault

Contacté par les éditions du Signe, maison strasbourgeoise spécialisée dans les BD régionales et historiques, le dessinateur Olivier Copin a embarqué dans l’aventure Dennis Lamaison, historien de la Guyane, avec qui il avait déjà travaillé pour le magazine Une saison en Guyane. Le challenge était de taille : couvrir toute l’histoire du territoire dans un délai de 7 mois alors qu’un tel projet nécessite habituellement 18 mois de travail !

« Le confinement nous a bien aidé », avoue Olivier Copin qui s’est entièrement consacré au projet pendant cette période. Dennis vivant désormais à Toulouse, les deux auteurs ont joué une intense partie de ping-pong numérique, échangeant plusieurs fois par jour. Une expérience inédite mais efficace.

« Dennis, qui avait à peu près deux pages d’avance sur moi, m’envoyait un bout de scénario, je lui répondais par un crayonné rapide en bâtons », poursuit le dessinateur. « Parfois ça marchait, parfois non. Une fois qu’on était d’accord, je peaufinais le dessin. La pression était grande car il fallait envoyer les pages à l’éditeur au fur et à mesure ».

Pour l’anecdote, Olivier Copin a insisté afin que les couleurs de la forêt guyanaise ne soient pas retouchées. « Seule une personne vivant en Guyane peut connaître ses nuances si particulières. L’Amazonie ce n’est pas Fontainebleau ! ».

« On a la chance d’avoir un fonds très fourni et facilement accessible grâce à la Maison des archives territoriales et au site Manioc, une bibliothèque numérique spécialisée sur la Caraïbe, l’Amazonie et le Plateau des Guyanes; »

Une urne amérindienne comme fil rouge

Dennis Lamaison a choisi les épisodes à raconter et a eu l’idée de tendre un fil rouge entre tous, afin de faciliter leur enchainement et de fluidifier la narration. C’est la fameuse urne funéraire amérindienne, accompagnée d’un manuscrit, qui voyage d’une époque à l’autre. « Ce sont les deux seules choses inventées du récit, même si on peut voir une urne semblable au musée Franconie ».

Selon Olivier Copin, la principale difficulté a été de réaliser des dessins plausibles pour illustrer la période pour laquelle il n’existait aucune iconographie, notamment l’ère précolombienne. « Pour les vêtements, on savait qu’il y avait déjà du coton à cette époque, alors on a imaginé que les premiers Amérindiens portaient des genres de calimbés ». L’autre difficulté a consisté à donner une place aux femmes mais aussi aux petites gens. « Sur ces sujets en particulier, il a fallu romancer un peu car l’histoire est écrite par des hommes et ne parle que des hommes », déplorent les auteurs.

Pour le reste, ce fut moins difficile. Depuis 20 ans qu’il est installé ici et qu’il parcourt le territoire, Olivier Copin a noirci un grand nombre de carnets de croquis sur lesquels il s’est beaucoup appuyé pour construire les ambiances. Par ailleurs, les ressources documentaires ne manquent pas. « On a la chance d’avoir un fonds très fourni et facilement accessible grâce à la Maison des archives territoriales et au site Manioc, une bibliothèque numérique spécialisée sur la Caraïbe, l’Amazonie et le Plateau des Guyanes ».

« Notre objectif est d’ouvrir la voie à d’autres, de pousser des éditeurs, des auteurs, des jeunes talents locaux à évoquer la Guyane et son patrimoine culturel unique. »

Ouvrir la voie à d’autres œuvres

L’album est riche et passionnant, tout comme l’histoire qu’il raconte. A savourer par petites touches, notamment pour les enfants (à partir de 10/11 ans) qui l’apprécieront davantage en en lisant deux à trois pages de temps en temps. L’idée est de donner envie aux lecteurs d’en apprendre davantage sur des faits qui, même s’ils sont brièvement évoqués dans la BD, ont éveillé leur curiosité. « On a conscience des défauts de l’album : certaines transitions sont laborieuses, quelques périodes ont dû être survolées mais nous ne regrettons rien, car notre objectif est d’ouvrir la voie à d’autres, de pousser des éditeurs, des auteurs, des jeunes talents locaux à évoquer la Guyane et son patrimoine culturel unique. C’est important que les générations futures connaissent et s’approprient leur histoire » insiste Olivier Copin.

Les deux compères aimeraient poursuivre ce travail de mémoire sur la Guyane en se concentrant sur des épisodes précis. Dennis souhaiterait, notamment, faire un tome sur la vie des affranchis après leur libération. Olivier voudrait, quant à lui, témoigner des premières rencontres entre les Marrons et les Amérindiens. 

L’ouvrage connaît un bon démarrage avec un millier d’exemplaires déjà écoulé. De quoi espérer que cette Histoire de la Guyane ne reste pas sans suite…

A lire aussi

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.