Nina Allan Poe et Mathieu Delmer, un duo artistique hors du commun

Composer une image a toujours été au rendez-vous malgré leurs métiers distincts. Nina Allan Poe et Mathieu Delmer forment un duo artistique guyanais hors du commun. – Texte Karollyne Hubert – Photo Mathieu Delmer

Ils se sont connus grâce aux réseaux sociaux. Nina cherchait des modèles pour exposer ses nouvelles créations : « Je l’ai contacté car j’avais besoin d’un mannequin de toute urgence et me suis retrouvée avec un mannequin, un photographe et quelques projets ».

De l’autre côté, Mathieu s’intéressait déjà à son travail. « Je pourrais avoir 1000 projets avec Nina, elle est très talentueuse. Elle proposait quelque chose de totalement différent de ce que nous avons l’habitude de voir ici. C’est peut-être le fruit de nos interactions imprégnées de nos différentes origines, de nos inspirations guyanaises, de notre vécu et de notre ouverture au monde, qui nous ont vite connectés. »

Créer des mondes fictifs

Aussi bien Mathieu que Nina, semblent être engagés. Mais cet engagement ne prend pas un parti politique ou une cause à proprement dit. C’est l’émerveillement du beau qui les fascine. « On aime mélanger le réel et le fictif », raconte Nina, qui aujourd’hui a collaboré avec Mathieu dans sept projets, dont un workshop sur la photographie « Développer sa créativité. Outils pour développer sa mise en scène », réalisé à l’hôtel Mercure Royal Amazonia.

Malgré ces réalisations, l’engagement local n’est pas leur priorité, « Il est vrai que nos premières réalisations – « The Chinaclub » ; « Cookin’Soul Radio » ou encore « Yellow Fiction » portaient un regard sur les ethnies locales… mais militer sur les inégalités raciales, ce n’est pas notre élément déclencheur. Il est très facile d’être engagé. Ce qui est difficile, à mon avis, c’est faire de l’art », raconte Mathieu.

Les manifestations devant la nouvelle réalisation de Marvin Yamb – un projet de street art qui met en avant l’image d’un homme d’origine amérindienne – est un exemple du frein artistique dont certains artistes locaux endurent. Mathieu se confie : « Il faut être très motivé et avoir les reins solides… « les ayatollah » – ceux qui s’occupent de la préservation du patrimoine créole – font beaucoup trop d’ombre aux artistes guyanais qui refusent de se cloisonner aux cultures traditionnelles, dans le but d’être reconnus localement. Malheureusement, nos talents sont trop souvent contraints de quitter la Guyane pour se faire un nom ailleurs ».

Choisir d’autres aventures

En ce qui concerne leurs parcours, si le destin de Mathieu était de devenir pilote d’avion, et celui de Nina, diététicienne ; c’est bien dans le domaine artistique que tous les deux se sont épanouis.

Nina commence dès l’enfance à écrire et à dessiner. Plus tard, avec une licence en Biochimie, un Master en Nutrition et sept ans dans la vie active, elle décide de se dédier à temps plein dans le milieu artistique. Avec la peinture, la décoration, les costumes, la photographie… C’est dans la scénographie qu’elle finit par rassembler toutes ses passions. « Je cherche à casser les codes dans l’image que l’on se fait de l’art. On ne peut pas l’étiqueter ».

Issu d’une famille passionnée de cinéma, Mathieu retrouve sa touche artistique dans le sang. Celle-ci finit par se révéler dans la photographie : « Je ne me considère pas comme un artiste avec un style bien défini. C’est un jeu pour moi, parfois lucratif, mais je m’amuse avec les genres, les couleurs et les lumières… J’aime trop l’aventure pour m’enfermer dans un seul style. Pourtant, il paraît que ma signature artistique est évidente, même si je n’y crois pas vraiment ».

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