Rappeur guyanais T2i

T2i part à la recherche des fruits perdus

Pour T2i rien n’est plus important que de propager le fruit. Oui, le “fruit”. Que ce soit par la musique, la vidéo ou encore le design graphique, le chanteur partage les saveurs exotiques du 973 / Une rencontre fruitée avec un artiste aux multiples facettes. – Texte Karollyne Hubert – Photo ©Kensay

C’était aux coulisses du lycée Damas, que les jeunes hommes se retrouvaient pour les « Freestyle » de Rap, de Hip Hop et de Dancehall. T2i les observait, mémorisait leur façon de chanter, ainsi que les paroles et les mimiques. « En tant que compositeur, j’ai commencé au même titre que chanteur : quand j’étais lycéen. C’était drôle, car je le faisais juste pour m’amuser avec mes amis. Aujourd’hui, je me retrouve à vivre de mes passions de jeunesse ».

Comme graphiste, son intérêt pour les images et le dessin naît au collège : « Je retouchais des images et je dessinais. Quelques années plus tard, j’ai commencé à alimenter mon blog personnel ». Il continue par la suite ses études à Bagnolet, et devient, par formation, directeur artistique après son master à la Fonderie de l’image. Dans l’audio-visuel, il démarre différents projets avec ses amis et, quelques années plus tard, il commence à s’intéresser aux montages. Aujourd’hui, il fait lui-même quelques-uns, comme pour « Naani », son dernier clip.

Artiste guyanais T2i

Mais c’est entre Paris et Roura qu’il commence à se projeter dans une carrière de chanteur en « fruit.lance » et il n’hésite pas à partager et à mélanger les saveurs de son pays avec de nouvelles rencontres : « Il faut chercher de nouvelles saveurs, mais il ne faut pas perdre celles que nous avons déjà. Je suis à Paris depuis 2016, mais je reste très attaché à ma petite commune. Je finis par vivre ici et là-bas ».

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Arbre culturel

« Nous sommes le fruit d’un arbre culturel » raconte T2i, dont la passion pour l’art a toujours bercé son foyer. Sa grand-mère dirigeait un groupe de Kaséko, le « Bois de rose », et chaque membre de sa famille écoutait un genre musical différent. Le goût éclectique, très visible dans son travail aujourd’hui, est le résultat de cette variété culturelle. 

« Nous sommes le fruit d’un arbre culturel. »

Ce mélange de traditions apparaît dans son clip « Histoire de famille », un hommage à sa famille et aux traditions par lesquelles il a été bercé. « Je n’ai pas commencé la musique par hasard. Chez moi, on écoutait de tout. Je fais partie de la génération BET et MTV, où on prenait notre temps pour regarder les vidéos clips. J’ai fini par me rendre compte que j’étais passionné par l’audiovisuel aussi », raconte T2i qui monte ses clips en plus de les composer et chanter.

Mais c’est en 2008 qu’il découvre la scène en montant pour la première fois aux côtés du chanteur jamaïcain Junior Kelly. Aujourd’hui T2i a déjà remporté 2 prix : le prix « Révélation de l’année » à la cérémonie des victoires de la musique guyanaise (Lindor 2018) et le prix Music Machine 2018 des Inrocks LAB x Galeries Lafayette (Reims).

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“La métaphore du “fruit” pour parler d’art” 

Malgré ses diverses expertises, T2i ne se fatigue jamais. Il commence alors une nouvelle activité : propager d’autres fruits. Il crée le podcast #FRUIT.Talk (tous les épisodes sont disponibles sur Youtube), pour mettre en avant les artistes de tout l’Outre-mer, mais pas que, puisque les artistes « fruités » sont aussi les bienvenus. La brésilienne Flavia Coelho, qui a aussi participé à l’un de ses concerts, « Fruit.Service » à Paris, a déjà été au rendez-vous. 

Artiste guyanais T2i

Le concert de Kélyan Horth, le 30 avril dernier, était pour lui l’occasion de repartager les “vibes” fruitées, après des mois restreints en raison des mesures sanitaires : « J’étais content de revenir sur scène, le contact avec le public est toujours important pour l’artiste. Néanmoins, c’était bizarre de les voir masqués et assis. Mais je ne perds pas l’espoir de retrouver une salle avec un public debout et sans masque ; je vois le verre toujours à moitié plein. S’il y a quelque chose que j’ai appris avec les fruits, c’est qu’il faut être patient. On doit arroser les plantes pour cueillir de bons fruits ».

« S’il y a quelque chose que j’ai appris avec les fruits, c’est qu’il faut être patient. On doit arroser les plantes pour cueillir de bons fruits ».

Mieux que de propager le fruit, c’est de faire des cocktails. Ou les deux. Avec les clips « Vem Cá » et « Naani » – qui font aussi partie de son E.P « FRUIT. » – le rappeur mélange les cultures locales, comme un cocktail fait maison.

« Nous avons la chance d’avoir un patrimoine local très varié. J’ai voulu partager notre mélange à travers la musique. Eh oui, ça fait un bon cocktail. Dans l’art, nous avons toujours cette volonté de parler de chez nous et de nos racines. Alors, autant tout mélanger. »

« Nous avons la chance d’avoir un patrimoine local très varié. J’ai voulu partager notre mélange à travers la musique. Eh oui, ça fait un bon cocktail. »

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