Photographie Neuf Neuf Dreaded

La photographie vue par Neuf Neuf Dreaded

Jauris Bardoux, alias Neuf Neuf Dreaded, revient sur son parcours de photographe. À seulement 25 ans, sa sensibilité photographique est unanimement salué dans le milieu de l’art urbain. Rencontre à Paris. – Texte Karollyne Hubert, Photo Neuf Neuf

Photographie Neuf Neuf Dreaded

En passant par la musique et ensuite une école de commerce, c’est dans la photographie que vous avez atterri…

Mon parcours commence par un quiproquo. J’ai commencé par l’économie, mais rapidement j’ai décidé de tout quitter pour une licence en musicologie. À l’époque, je souhaitais surtout développer ma passion et toucher du doigt ce qui m’animait.

Après cette première étape, j’ai souhaité commencer dans le domaine de l’art, mais je me suis très vite rendu compte de la nécessité d’approfondir le commerce pour être à même de vendre mes œuvres un jour. C’est pour cela qu’après ma licence, je me suis orienté vers le commerce, dans un BTS Management à Toulouse. Et voilà, retour à la case départ !

« Je me suis très vite rendu compte de la nécessité d’approfondir le commerce pour être à même de vendre mes œuvres un jour. »

Je ne regrette pas d’avoir commencé par cette licence car c’est en faisant de l’art que j’ai pu comprendre ce qui me plaisait, puis comment gagner ma vie avec.

Photographie Neuf Neuf Dreaded

Et pour la photographie ? Avez-vous commencé au même titre que la musique ? 

Mon premier contact avec la photo s’est fait avec mon grand-père. Dans mes souvenirs, il était très « geek » et avant-gardiste. Le côté artistique ne l’attirait pas vraiment, il était plutôt intéressé par l’aspect technologique et technique. Néanmoins, il m’a fait découvrir quelques modèles d’appareils photo et deux, trois techniques d’avant, ce qui a éveillé quelque chose en moi.

Je n’ai pas hérité de sa photographie proprement dite. Il aimait la photo, certes, mais il n’était pas photographe. J’ai plutôt hérité de sa curiosité. Cette curiosité m’a poussé à essayer plusieurs choses : la danse, la musique, le théâtre, les voyages… jusqu’à ce que je trouve mon métier d’aujourd’hui.

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Et d’où vient cette sensibilité artistique ? 

J’ai bercé dans l’art. On écoutait de la musique tous les jours chez moi, et en ayant un père batteur, j’ai vite été attiré par la musique. En plus de la musique, on avait d’autres moyens de s’évader. Avec mes cousins, on aimait écrire des histoires, faire des concours de dessin, danser sur tout et n’importe quoi… Tout était propice pour que je sois sensible à ça.

« Mes parents m’ont toujours encouragé à pratiquer n’importe quelle forme artistique, que ça soit pour une carrière professionnelle ou juste par passion. »

Heureusement, j’ai eu des parents qui ont su arroser cette petite graine artistique que j’avais en moi. Ils m’ont toujours encouragé à pratiquer n’importe quelle forme artistique, que ça soit pour une carrière professionnelle ou juste par passion.

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Est-ce pour cela que vos sujets de prédilection sont souvent liés au monde de la musique ? Quid de votre style ?  

Pas tout à fait. J’ai réalisé quelques portraits de chanteurs, rappeurs… mais pas que. J’aime la mode, le cinéma, la musique… Je m’intéresse à plusieurs choses, donc difficile pour moi de choisir un seul type de sujet à exploiter. Cela va de même pour le style, car j’aime beaucoup le portrait, mais j’aime aussi varier avec le street. Par exemple, dans le portrait, j’aime ce côté intimiste, où je peux montrer aux gens ce qu’ils sont réellement. Je suis désolé si je pars trop dans la technique (rires). Mais pendant le shooting, je cherche le moment propice — ce moment de distraction, qu’empêchent les poses artificielles — où mon sujet est au plus naturel possible. Et là je shoote. Quand je montre le rendu, c’est comme si je disais « regarde ça, c’est ton vrai toi ». Il faut arrêter de voir pour mieux regarder, ce n’est pas évident, mais il le faut.

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Vous donnez un coup de projecteur sur la Guyane à travers ses habitants. C’est ainsi que vous valorisez vos racines ?

Oui, je vois les couleurs de chez moi à travers les gens de chez moi. J’ai fait des shootings régulièrement avec des Guyanais qui, soit dit en passant, sont mes amis aussi. Cependant, je ne les prends pas en photo parce qu’ils sont guyanais, mais plutôt parce qu’ils travaillent dans un domaine artistique, et cela finit par unir l’utile à l’agréable. Tant mieux qu’on arrive à exploiter tout ça, tout en valorisant notre Guyane et les gens de chez nous.

« Je vois les couleurs de chez moi à travers les gens de chez moi. »

On peut croire qu’il suffit de prendre en photo notre environnement pour le valoriser. Néanmoins, il ne faut pas oublier que nous portons avec nous nos racines et aussi notre culture, peu importe où nous allons. Souvent, quand je rencontre d’autres photographes, ils sont stupéfaits par ce qu’ils voient. Ils adorent notre ambiance, notre environnement, et surtout, nos métissages. 

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