Cynthia Abraham, chanteuse et multi-instrumentiste

Cynthia Abraham inonde les ondes et la toile de nouvelles rythmiques

Il suffit de l’écouter car en elle, tout se décline. Avec le corps, en tapotant des mains, en mouvant les doigts, en gigotant la tête. Et puis, tout doucement, avec la voix, rien qu’avec la voix, qu’elle pose juste là, elle nous habitue, à ses bruissements, à ses cliquetis, à ses murmures, à son sourire. – Texte Coralie Custos-Quatreville, Photo Cédrick-Isham Calvados 

Elle est chanteuse, elle a trente ans tout pile. C’est une juilletiste qui a toujours baigné dans la musique et une multi-instrumentiste. Avec son album Unisson, sorti dans les bacs à la rentrée 2021, Cynthia Abraham inonde les ondes et la toile de nouvelles rythmiques.

La musique est pour vous un héritage, une vraie et grande histoire de famille ? 

Oui, chez nous, la musique est partout. Je ne me souviens pas d’un jour passé sans chanson, sans percussion, sans note de musique, sans bruit. Avec un papa professeur de piano et une maman professeure de violon, le quotidien est forcément riche de partitions (rires).

De mon côté, j’ai toujours adoré les percussions. J’ai aussi joué pendant longtemps de la flûte traversière. Comme beaucoup d’adolescents qui renient leurs habitudes d’enfant, je m’en suis éloignée, puis, il y a quelques années, j’ai décidé de m’y remettre. Quelle joie ! C’est avec la flûte que je travaille le plus souvent aujourd’hui. Je m’amuse à la mêler avec le timbre de ma voix. Je ne saurais me considérer comme une flutiste soliste. Cet instrument, c’est comme une ligne d’appui. J’y puise des inspirations et je travaille des mélodies. 

« C’est avec la flûte que je travaille le plus souvent aujourd’hui. Je m’amuse à la mêler avec le timbre de ma voix. Cet instrument, c’est comme une ligne d’appui. J’y puise des inspirations et je travaille des mélodies. »

Comment se déroulent vos phases de création ? 

Alors, chez moi, la création, c’est quelque chose de très périodique (rires). L’inspiration vient s’en prévenir, elle arrive et peut se choper à tout moment. Ça peut-être une phrase sur une affiche, un mot égaré, une note entendue dans les transports, un groove qui me passe sans crier gare par la tête. Quand l’idée me vient, je la pose sur un carnet, sur mon téléphone, je ne peux pas la laisser filer. Je me sers de mon piano pour composer.

Il y a quelques années, je suis tombée sur un looper qui appartenait à ma mère, je l’ai utilisé puis, voyant comment je m’amusais avec, elle m’a proposé de le garder. C’est avec cet enregistreur de son que je me suis mise à tapoter sur tout ce que je pouvais pour faire des sons. C’est aussi à ce moment-là que je me suis rendue compte de la résonnance de mon corps, des notes possibles avec ma bouche ou même avec ma peau. 

« L’inspiration vient s’en prévenir, elle arrive et peut se choper à tout moment. Ça peut-être une phrase sur une affiche, un mot égaré, une note entendue dans les transports, un groove qui me passe sans crier gare par la tête. »

Cynthia Abraham, chanteuse et multi-instrumentiste

Sortir un album en 2021, en pleine crise sanitaire, et la perspective de tournées limitées. Comment l’appréhendez-vous ? 

Comme tout le monde aujourd’hui, les artistes sont très démunis face à la situation. Quand je me suis mise à composer Unisson, je ne me doutais évidemment pas que la période allait prendre cette tournure. À vrai dire, il était déjà prêt depuis plusieurs mois, mais le contexte était si complexe que j’ai préféré attendre.

La pandémie a été un grand temps d’introspection. Au début, c’était très difficile, je me suis effondrée, et puis, au fil du temps, comme je suis de nature optimiste, j’ai fini par trouver quelques aspects positifs à cette situation. J’ai eu la chance d’être loin de Paris, de pouvoir partir, de pouvoir réfléchir et surtout de prendre le temps et vous le savez autant que moi, à quel point, c’est rare de nos jours de prendre le temps. Une fois rentrée chez moi, je m’y suis remise, j’ai travaillé ma voix.  

« Cet album dit une partie de moi, il dit l’harmonie que je cherche dans mon travail, il dit le pluriel, la bonne mesure, la bonne hauteur que nous devons trouver entre les notes pour créer les communs, le collectif. »

Que dit cet album ? 

Il dit une partie de moi, il dit l’harmonie que je cherche dans mon travail, il dit le pluriel, la bonne mesure, la bonne hauteur que nous devons trouver entre les notes pour créer les communs, le collectif.

Je suis passionnée depuis petite sur la façon dont les gens interagissent, sur la manière dont on se parle, dont on communique, dont on se dit les choses. Unisson dit cela. J’essaie de comprendre comment il est possible de conjuguer nos différences, comment converger vers quelque chose qui nous unit, tout simplement. Pour cela, je me repose continuellement sur des influences qui me viennent de partout. Des grands noms du jazz comme Gretchen Parlato, Bobby Mc Ferrin ou Dianne Reeves. Il y a aussi le funk avec des musiciens comme Stevie Wonder ou encore les voix soul de Eryka Badu, de Jill Scott. Évidemment, je suis touchée par Kassav, Jean-Michel Rotin, Jean-Claude Naimro. Ce sont mes racines et tout ceci nourrit mes compositions. 

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