Jérome Sainte-Luce, dessinateur

Dans Lespwineg, Jérôme Sainte-Luce dessine son monde intérieur

Jérôme Sainte-Luce travaille sur Lespwineg, une série de dessins qui fait référence à notre patrimoine culturel, nourrie par son imaginaire fécond. – Texte Willy Gassion, Photo Cédrick-Isham Calvados 

Les garçons naissent dans les choux et les filles dans les roses, Jérôme Sainte-Luce est né dans un bassin archéologique même s’il n’y est pas réellement né. C’est à Perpignan que le quadragénaire voit le jour mais c’est bel et bien à Trois-Rivières en Guadeloupe qu’il est né artistiquement. C’est là, dans les vestiges amérindiens, dans ce décor-là, cette lumière-là qu’il est devenu en partie ou totalement l’artiste qu’il est aujourd’hui. 

Dans ce ventre-là 

Les entrailles qui nous portent ne sont pas toujours celles que l’on croit, elles peuvent être ailleurs, inscrites dans la nature. Et c’est dans ce ventre-là que nous goûtons en réalité nos premières nourritures, celles qui plus tard nous ferons grandir et décideront de notre trajectoire. « J’ai toujours vécu dans la nature, je devais avoir 5 ou 6 ans quand je suis arrivé à Trois-Rivières, c’est cet endroit qui a fait jaillir ma sensibilité artistique. Dans ce bassin archéologique, au milieu des gravures amérindiennes, j’imaginais un monde fantastique, j’entrais dans un monde où mon imagination était sans limite, la vie c’est aussi s’inventer des histoires et y croire. »

« Dans ce bassin archéologique, au milieu des gravures amérindiennes, j’imaginais un monde fantastique, j’entrais dans un monde où mon imagination était sans limite, la vie c’est aussi s’inventer des histoires et y croire. »

Lespwineg Numeris - Jérome Sainte-Luce
Lespwineg Numeris (1201), technique mixte

Être révélé 

Aller vers sa réalité, vers ce qu’il y a de plus profond et de plus vrai en soi. D’abord les Arts Appliqués à Rivière des Pères, « adolescent je dessinais des cimetières, graphiquement cela me plaisait », puis un Deug Arts plastiques à Créteil et enfin l’apprentissage dans des ateliers d’artiste. « Avec Jean-Pierre Pophillat, j’ai appris à peindre en situation, il nous enseignait la technique, la peinture à l’huile et à l’acrylique. »

Après Fufyttii, sa première exposition solo, « c’était un univers un peu fantomatique mais limité au niveau de la représentation », Jérôme se cherche : « je me suis demandé qui j’étais, pourquoi je peins, qu’est-ce que je voulais peindre ? La peinture devait être un plaisir et parler de moi, c’était ça ma difficulté. » Cependant tout est là, en lui et autour de lui, tout est là qui ne demande qu’à être révélé.

« Je me suis demandé qui j’étais, pourquoi je peins, qu’est-ce que je voulais peindre ? La peinture devait être un plaisir et parler de moi, c’était ça ma difficulté. »

La première étape des retrouvailles entre le plasticien et son « monde intérieur » est scellée par l’exposition Les Âmes gravées en 2008 qui préfigure Lespwineg, son travail actuel. Une série de dessins réalisés principalement sur le tissu et le papier où il est question de la mémoire, de la trace laissée par ceux qui nous ont précédés, de notre patrimoine amérindien et bien sûr de lui. Son monde imaginaire. 

À la faveur du confinement, l’artiste a développé sa boutique en ligne pour promouvoir son travail « j’ai pu vendre des œuvres en Californie ». Quand il peint, quand il est en lui, Jérôme écoute Sigur Rós, un groupe islandais, mais aussi et depuis peu du gwo-ka et en particulier Anzala. Pour autant il reconnait n’avoir aucun rituel. « Mon seul rituel c’est l’envie. Peindre, c’est jouer, c’est laisser libre son instinct et retrouver la liberté de l’imagination. » 

« Mon seul rituel c’est l’envie. Peindre, c’est jouer, c’est laisser libre son instinct et retrouver la liberté de l’imagination. »

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