Boute-en-train, autoproclamé « fou », talentueux, Stévie Landre est, en quelques années, devenu un batteur incontournable. Texte Willy Gassion – Photo Lou Denim
Il y a d’abord ses bras. Que serait un batteur sans bras et sans mains ? Ses bras sur lesquels on peut lire. Le bras gauche raconte la musique : sa passion, sa vie professionnelle, son obsession. Une clé de sol tatouée. Puis son bras droit qui affiche sa spiritualité. « God is Master. » « Ce que je fais, ce que je suis aujourd’hui, c’est grâce à Dieu, on est tous sur terre pour une mission, et la mienne, celle que le Grand Maître Suprême m’a demandé d’accomplir, c’est de donner du plaisir aux gens avec la musique. »
Dans le ventre de la grosse caisse
De Stévie ou de la batterie, qui a courtisé l’autre ? « Je ne sais pas si c’est moi qui ai choisi la batterie ou si c’est la batterie qui m’a choisi. » Stévie n’a pas résolu l’énigme bien que son environnement familial, avec un père batteur autodidacte, ait été propice à la pratique de l’instrument. « Mon père avait une batterie à la maison, il m’a appris à taper sur la grosse caisse et sur la caisse claire, avec Balafon, son groupe de musique, il reprenait les standards de la variété antillaise et française. »
Fasciné, le gamin assiste à « toutes les répétitions » de son père jusqu’à faire son nid dans le ventre de la grosse caisse. « Il n’y avait pas de peau à l’arrière de la grosse caisse, mon père y avait mis un oreiller pour atténuer le son et c’est là que, quelquefois, je m’endormais. »
« Il n’y avait pas de peau à l’arrière de la grosse caisse, mon père y avait mis un oreiller pour atténuer le son et c’est là que, quelquefois, je m’endormais. »
« Je veux ! »
À l’âge de neuf ans, Stévie martèle sa certitude : « Je veux ! Je veux jouer de cet instrument. » « Mon père m’avait emmené au concert de Volt-Face et c’est là que je suis réellement tombé amoureux de la batterie en découvrant Jean-Pierre Kingué. »
Les premières expériences musicales, éprouver l’instrument, s’ennuyer à l’école – « J’ai arrêté l’école en 3e, je ne pensais qu’à la batterie, je tapais sur la table avec mes stylos » – et jouer jusqu’à vouloir faire de ce jeu sa profession. « Avec mon frère ainé et les frères Patrick et Orel Thams, j’ai fait partie de Shine, mon premier groupe, puis j’ai intégré à quatorze ans Zikak 2000 un groupe de steel pan avec lequel j’ai fait ma première tournée française. En 2001, avec mon père j’ai créé Petay Cho, mon groupe qui existe encore. »
« J’ai arrêté l’école en 3e, je ne pensais qu’à la batterie, je tapais sur la table avec mes stylos »
« Il y en a tellement »
Il est loin le temps des bals de ses débuts, aujourd’hui le musicien confirmé sévit dans la cour des grands. Misié Sadik, Admiral T, Dominik Coco, Jean-Michel Rotin, Kalash, Krys, Saïk, Young Chang MC… « il y en a tellement ».
Le natif de Capesterre-Belle-Eau est sur scène comme dans la vie, et la scène c’est sa vie. Il y distille sans compter sa bonne humeur : « Sur scène, je fais le show, on est obligé de me voir avec mes 130 kg. Je suis un batteur fou même si je suis très sérieux dans mon travail. Ma devise c’est : même si ça ne va pas, ça va. »
Les prochains mois s’annoncent intenses : une tournée dans l’Hexagone avec Misié Sadik, un festival au Portugal avec Admiral T et des concerts en préparation en Guadeloupe. Après avoir participé à l’enregistrement de près de 80 albums, Stévie s’apprête à sortir (enfin) son premier album solo. On est impatient.
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