Artiste bushinengué Franky Amete

Franky Amete : le Tembé, au nom du père, de la nature et des siens

Franky Amete s’inspire de la nature pour la pratique du Tembé, l’artisanat traditionnel des Bushinengués transmis par son père. – Texte Willy Gassion, Photo Mathieu Delmer 

Tout est là à portée de main. Tout est là pour qui sait observer et aimer. La nature. Tout est là dans les gestes ancestraux, la main qui crée et qui transmet. Celle du père, qu’on imagine à la fois patinée et aimante, et Franky Amete qui la saisit.

C’est par le père que tout a commencé, au Surinam où est né Franky. C’est là que l’adolescent observe le père « faire du Tembé », l’artisanat traditionnel des Bushinengués. « Quand j’étais petit, je regardais ce que faisait mon père, je ne comprenais pas tout mais avec le temps je suis tombé amoureux de ma culture, la culture du fleuve. »

« Le Tembé est un langage codé fait à partir d’entrelacs, de motifs et de symboles dessinés sur le bois ou le tissu, en se réfugiant dans la forêt, les Noirs marrons ont conservé ce savoir-faire. »

« Le Tembé a fait de moi un artiste » 

Ce n’est pas que de l’art pour faire joli. Il est aussi question dans le Tembé, de mémoire, de patrimoine et d’histoire. La résistance des esclaves, le langage qu’ils ont inventé à travers le dessin pour communiquer sans être compris du maître. « Le Tembé est un langage codé fait à partir d’entrelacs, de motifs et de symboles dessinés sur le bois ou le tissu, en se réfugiant dans la forêt, les Noirs marrons ont conservé ce savoir-faire. »

Franky descend des Noirs marrons, né à Paramaribo il perpétue depuis 25 ans la tradition du Tembé. « C’est le Tembé qui a fait de moi un artiste. » Ses tableaux et sculptures, qu’il a déjà exposés en Guyane mais aussi à Paris et au Brésil disent « la vie, l’amour, le partage, l’environnement qu’il faut protéger, je ne véhicule que des messages positifs. » 

« Je fabrique mes couleurs primaires à partir de la terre rouge de Guyane. »

Nature complice

La nature est son alliée, sa complice dans l’acte de créer. « La nature m’inspire tous les jours, chaque seconde, j’habite à Saint-Laurent du Maroni, je vois des perroquets, des singes, des agoutis et de temps en temps des serpents, des scorpions, c’est tellement beau. » De cette nature, outre son « inspiration », l’artiste de 56 ans tire sa matière première. « Je fabrique mes couleurs primaires à partir de la terre rouge de Guyane. » Franky dessine sur le sable, la terre, les feuilles et le bois, « comme le faisaient mes ancêtres. » Et il recycle aussi. « Je récupère des palettes pour faire les cadres des tableaux, je découpe de vieux frigos pour réaliser mes sculptures. » 

Ce qu’il a reçu de son père – « mon père ne pratique plus le Tembé, il est chef coutumier à Apatou, il est très fier de moi » – l’artiste le transmet à son tour au sein des ateliers de l’association Libi Na Wan. « Le Tembé ne doit pas disparaître, il fait partie du patrimoine culturel de la Guyane même le street-art s’en est emparé. » 

« Le Tembé ne doit pas disparaître, il fait partie du patrimoine culturel de la Guyane même le street-art s’en est emparé. » 

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